
Elle traîne un pas nonchalant sur la Promenade, les yeux rivés sur la mer, à droite. Les réverbères y déposent leur reflet lumineux, disséminant des petits points colorés sur la surface étale.
Une petite musique monte dans l’obscurité. La jeune femme voit un attroupement et s’approche d’une camionnette garée le long du trottoir, porte latérale ouverte face à la Méditérrannée. Des notes sèches de guitare frappent l’air frais. Saisissantes. Fragiles et violentes, au rythme haché. Assis contre le véhicule sur un tabouret trop petit, un homme tout en rondeur, en contraste avec la géométrie des carreaux de sa chemise bleue, elle-même assortie à ses yeux, enlace son instrument. Une barbe courte et des cheveux souples grisonnant encadrent des joues pleines. Le flamenco qu’il libère est sensuel et percutant. Gorgé d’émotions. Comme un fruit trop mûr. Des passants entendent, d’autres écoutent. Plus loin, des jeunes font du skate.
Tout à coup la femme se fige. Son cœur bat plus fort dans sa poitrine en distinguant une silhouette charpentée, mains dans les poches d’un blouson de cuir. D’un regard gris et curieux, l’homme embrasse la scène. Tend une oreille attentive. S’arrête sur les doigts dodus qui caressent ou pincent les cordes. Des sonorités métalliques et chaudes s’envolent. Son bassin et ses pieds se mettent en mouvement sans pudeur. Ses mains passent au-dessus de sa tête, claquent et déchirent l’air avec hardiesse. Il s’approche et la regarde. Elle. La femme lui sourit, le sang cognant dans ses veines. Il tourne autour, ses mains tapent toujours en rythme. Elle essaie d’accrocher son regard. Il joue avec le sien. Désarmant. Elle est submergée par une attraction fulgurante. Elle n’a pas les codes de cette musique. Elle se laisse guider. Ses pieds frappent le sol. Leurs bouches s’observent.
Le guitariste jette un regard complice à l’homme, et donne de la puissance à sa musique.
Un Olé s’immisce entre les notes. Des applaudissements. Du plaisir. Ils sont en Andalousie. Le flamenco les a engloutis.
La Méditerranée, cette mer-mère de tant de civilisations, continue à inspirer les esprtits éclairés. Merci Céline.
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