Les mots sur la crête

Mes plus beaux mots naissent souvent derrière mes paupières. Lorsqu’elles sont alourdies par l’engloutissement vers le sommeil. Pas dans son creux, non. Ni dans son tréfonds. Sans quoi ils deviendraient des rêves. Non, ils surgissent dans l’éphémérité. Sur la crête de la conscience. A l’exact instant où je bascule. Quand la léthargie m’ouvre ses bras puissants et invisibles et que je m’y enfouis avec délectation, flottant encore sur la vague au bord de l’inconscience. Comme les mots coincés au bord des lèvres. Au bord de la réalité.

Que faire alors ? Les saisir dans la lumière avant qu’ils disparaissent, -au risque de les éblouir et les perdre- ou les enfouir dans un recoin de mon sommeil, les blottir en son sein en espérant les retrouver intacts au réveil. Là aussi je reste longtemps sur la crête. 

La vie n’est-elle pas ainsi faite ? Les grandes décisions quand elles se présentent, ne reposent-elles pas en équilibre sur une arête ? Le pour le contre. Le bien le mal. La raison la pulsion. J’y vais, j’y vais pas.

Vivre est bien souvent un travail de funambule.

Mais n’est-ce pas non plus cette quête d’harmonie et de pondération  qui rend la vie si passionnante à vivre ? Ces doutes qui s’immiscent pour la rendre si intense ? 

Alors tant pis si parfois je perds mes mots derrière mes paupières, tant pis si j’en égare tout au fond de moi. Certains m’auront juste traversée, les autres m’auront touchée. Je n’en conserve que l’essence et les chéris.

En espérant les transmettre et les transcrire au plus près de ce qu’ils m’inspirent.

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