
Bob. Je l’appelle Bob. Je ne sais pas trop pourquoi.
Et qu’il est con ce Bob ! Suicidaire en plus…
C’est en le contemplant que j’ai réalisé. Debout dans ma cuisine, appuyée contre le mur blanc, la tête vide, les yeux fixés vers lui qui glisse, rampe devant moi. Pour le provoquer parfois, je reconnais ce brin de perversité, je le détourne de sa route. Sans préambule, sans justification. Alors il cherche son chemin, s’étourdit à tourner en rond et peste en me piétinant. On s’écharpe un peu, s’engueule même. Surtout moi. Il se cogne ici ou là, contre un mur, contre une chaise.
Même pas ivre pourtant !
Et aussi étonnant que ce soit, de façon automatique, sans doute parce qu’il est ainsi programmé, il retrouve toujours la bonne direction. Non sans mal. Décidément lui et moi ne sommes pas câblés pareil. Moi qui perd le Nord en sortant des toilettes d’un restaurant, dans les couloirs des hôtels… Au détour d’une rue.
Même pas ivre non plus !
Je trouve fascinant de le voir ainsi dévorer tout ce qu’il croise, avaler tout, même mes couleuvres. L’observer est hypnotique. Cependant, il arrive que ça finisse mal.
Se ratatiner une fois contre un meuble, pourquoi pas, deux fois, un peu limite et au-delà, c’est un manque de jugeote. Quand il n’arrive pas crevé, vidé, cet idiot, finit souvent sa trajectoire en s’empalant sur un pied de lampe ou en restant coincé sous un fauteuil, pour finir suicidé, agonisant sur un seuil de porte ou étranglé par un fil électrique. Ma maison devient alors une scène morbide et cocasse à la fois.
Tout ça pour un aspirateur robot. Qu’il est con ce Bob !
😂
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