Il fait frais dans la maison ce soir. Elle se lève du canapé et se dirige vers l’escalier de pierre pour aller fermer les fenêtres restées ouvertes à l’étage. Un courant d’air qui lui donne des frissons fait grincer la vieille porte à poignée ronde du palier. Arrivée dans sa chambre à coucher au fond du couloir, la jeune femme s’immobilise tout à coup près du lit. Elle est assaillie. Elle l’a détecté. Elle le sent, il est là, bien présent. Il s’est infiltré dans la pièce sans prévenir. Il est de retour et la saisit pour la première fois cette année. Elle vibre d’émotion, ferme les yeux, ouvre ses bras, lève le nez, hume l’air et s’en imprègne. Il est si particulier, si intense, si estival, quoique encore un peu printanier… En tout cas, il est si reconnaissable ! Il la fait rêver. Il annonce l’arrivée de l’été, la fin de l’année scolaire, l’amorce des grandes vacances, l’apogée des longues et chaudes soirées d’été suivies des grasses matinées, les retrouvailles en famille, les petits-déjeuners interminables, le temps à partager. C’est un mélange de terre, de foin, de pluie et de soleil, mais pas trop. Un peu d’orage aussi, puis de campagne, de nature et de bovins. Il est presque aigre doux. Il est éphémère, il répand l’odeur des prémices de la nouvelle saison à venir. C’est celui qui plane dans l’atmosphère et embaume jardins et maisons. Dans quelques jours il disparaîtra pour laisser place à celui authentique du soleil qui, seul lui, laisse la peau sensiblement sucrée et délicatement musquée.
C’est l’arôme des premiers soirs d’été.
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