Depuis quelques mois je pratique modérément mais régulièrement la course à pied. Quelques kilomètres pour me détendre. Tant mon corps que ma tête et mon âme. Le premier se sent mieux, à la fois plus léger et plus fort, la seconde plus vide et la dernière plus riche. Du coup je me sens plus sereine.
En courant en bord de mer j’hume différentes sortes d’effluves. Certaines sont iodées, d’autres fleuries ou d’autres encore, plutôt sucrées. Elles pénètrent dans mon nez pour atteindre mon cerveau. J’aimerais pouvoir les consigner pour les sentir dès que je le désire. Comme quand on écoute un enregistrement ou qu’on regarde une photo. Les éléments sont alors figés et consultables à souhait. Pourquoi pas les odeurs ? Elles ne peuvent être que reconstituées par des parfums mais ce ne sont pas celles réellement perçues.
La lumière ensoleillée du jour fait tout juste son apparition. Elle commence à éclairer la mer encore d’huile de si bon matin. Elle y dépose des reflets jaunes flottant en surface. J’ai envie d’y plonger toute entière. Le léger vent tiède s’infiltre doucement dans mes cheveux. Il effleure mon visage. Mon corps est prêt pour l’effort. Il sourit, même. Au fur et à mesure de mon avancement, pour lutter contre la fatigue qui se fait sentir, mon cerveau se dissocie du reste de ce corps. Il fait abstraction de mes jambes en particulier. Ma tête ne raisonne plus. Elle se vide de toutes ses pensées comme on renverserait un verre d’eau. Les réflexions sortent par tous les pores, se déversent, coulent et se répandent derrière moi. Je les laisse sur place tandis que mes membres inférieurs continuent leur course. Ces jambes ne sont plus les miennes. Elles ne sont plus que deux instruments externes à mon anatomie qui se déroulent mécaniquement pour m’amener vers le point d’arrivée. C’est le seul moyen que j’ai trouvé pour pouvoir faire totale abstraction de la difficulté de l’effort éprouvée.
C’est seulement quand je suis parvenue au bout du parcours, que ma tête se remplit à nouveau de tout ce qui la constitue habituellement. A cela vient toujours s’ajouter un sentiment de satisfaction voire de fierté, d’avoir parcouru un peu plus de chemin que la fois précédente. Mes jambes se reconnectent alors au reste de mon corps et l’épuisement jaillit sans plus attendre. Je lui laisse libre cours car je sais qu’ensuite la plénitude prendra sa place.
Texte et mots bien choisis, même si on ne pratique pas la course à pied on a l’impression d’y être tant la description et le ressenti sont bien décrits .
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Merci !!
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Je lis tes mots et ils raisonnent en moi , encore quelques jours et je pourrai reprendre la course à pied et ressentir cet état de sérénité. Une très belle description de la connexion entre le corps et l’esprit 🙂
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On se comprend bien je pense 😉…
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Oui cette sensation est bien particulière et quel grand bonheur ensuite, apaisement est le mot qui me vient spontanément. . . Je ne pratique plus depuis quelques années et quand je serai rétablie je vais m’y remettre! Cette solitude m’était bienfaisante. . . Et l’effort m’était très énergisant!
A travers l’écriture et ce besoin de mettre son corps à l’épreuve vous avez trouvé je pense, la prise en charge en globalité de votre « moi ». Belle expérience et beau cadeau de la vie…
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