Son cœur fait un petit saut dans sa poitrine en entendant retentir un grondement sourd. Le bruit s’immisce dans sa tête. Elle se force à garder les yeux fermés et remonte mollement le drap sur ses épaules dénudées. Il glisse délicatement sur sa peau tandis qu’elle se roule en boule sur le côté droit. Elle a une conscience fugace de son rêve. Un rêve étrange et absurde comme bien souvent. Elle essaie malgré tout de s’y raccrocher mais il a filé. En revanche le bruit était bien réel. Quelqu’un aurait-il pénétré dans la maison ? Elle se retourne vivement sur le dos et tend le bras sur le côté gauche du lit. Rien. Personne. Il ne reste qu’une sensation de chaleur sur le tissu. Il s’est levé. Elle ouvre grands ses yeux vers le plafond. Une légère inquiétude s’empare d’elle avant qu’elle ne comprenne ce qu’il se passe. Elle s’assoit en un instant sur le lit, frotte ses paupières et attrape son téléphone pour vérifier l’heure. 6h10. Elle entend maintenant un violent craquement déchirer l’air. Elle bondit et pose immédiatement ses pieds nus sur le carrelage froid, traverse la chambre à la hâte, dévale quelques marches et s’immobilise dans le séjour.
Il est là, face à la baie vitrée qu’il a entrouverte. Elle le voit de dos. Il ne l’a pas entendue arriver. Trop absorbé par ce qu’il voit par la fenêtre. Elle s’approche doucement. Sans bruit. Il ne réalise pas qu’elle est près de lui. Après quelques secondes côte à côte, il se retourne enfin et la voit. Lui sourit. Avec sa bouche. Avec ses yeux.
-Bonjour, dit-il chaleureusement en lui passant un bras autour de la taille.
-Bonjour, répond-elle en se blottissant contre lui.
-Tu as vu ça ? C’est impressionnant !
-Oui, le bruit m’a réveillée.
Au dehors, le jour se lève à peine et des arcs électriques blancs éblouissants cisaillent le ciel. Leurs yeux se ferment par réflexe en les observant. Ces éclairs sont instantanément suivis d’un bruit de tonnerre assourdissant pendant que le vent danse dans les feuilles des arbres et s’enroule autour des branches. Alors, une pluie torrentielle s’abat tout à coup au sol comme si les nuages explosaient en pleurs et en vol. Elle martèle bruyamment le toit et ruisselle le long des murs et des fenêtres comme des larmes. Son passage exhale tous les arômes du jardin et embaume la terrasse. Un parfum de terre mouillée légèrement épicée, l’effluve des lauriers roses et celui du bougainvillier. La vue, l’ouïe et l’odorat de l’homme et de la femme sont titillés. Le spectacle quant à lui est sublime, même si presque effrayant de violence. Au même moment, une exquise fraîcheur s’installe. Elle adoucit tout. Regarder un orage peut éveiller des sensations tellement contradictoires que cela en est très surprenant !
A bientôt chers Amis !
Votre commentaire