Bonjour les Amis,
Voici la suite et fin de la trilogie amoureuse de Philippe Besson. Après Arrête avec tes mensonges, puis Un certain Paul Darrigrand, voici Dîner à Montréal. Un gros coup de cœur pour moi. Dans ces trois derniers ouvrages, l’auteur utilise le JE. Tout le récit se déroule le temps d’un dîner au restaurant. Une parenthèse dans le temps. Quatre protagonistes, pas un de plus. Deux personnages principaux. Ce livre pourrait aisément devenir une pièce de théâtre. On y retrouve une unité de lieu, d’action et de temps. Deux vies résumées en trois heures. Des amours perdues, des âmes blessées, des souvenirs affleurants. Au début des questions sous-entendues, puis au fil du temps, un ton plus direct s’installe quand les deux personnages principaux se retrouvent seuls, les regards furtifs deviennent éloquents. Et parfois des explications sont très clairement données. On sent monter crescendo la profondeur des échanges sur leur passé commun. Une conversation autour de souvenirs : ce livre présenté ainsi, rien de très original pourrait-on penser. Or, dès que j’ai ouvert la première page de ce livre, je n’avais qu’une envie, avoir suffisamment de temps devant moi pour ne le refermer qu’à la dernière. Philippe Besson ne cherche pas à simplement raconter sa vie, mais plutôt en évoquant certains passages de celle-ci, à réveiller chez le lecteur des sensations déjà vécues, de telle sorte qu’elles fassent écho en lui. Qu’il soit homme ou femme, peu importe. L’amour et la passion n’ont pas de sexe.
La finesse de la plume, les tournures de phrases poétiques, l’analyse finement disséquée des sentiments, leur décryptage, leur interprétation autant que les doutes ou les certitudes m’ont transportée, élevée le temps de la lecture. Il faut être diablement bon écrivain pour embarquer son lectorat avec lui dans son histoire personnelle sans intrigue particulière. Philippe Besson l’est. A sa manière d’utiliser la langue française, à sa façon subtile de jouer avec les mots, d’en extraire l’essence avec précision pour n’en garder que le meilleur. Il ne garde et nous offre que leur richesse et non la fadeur de certains mots qui jonchent trop souvent notre vocabulaire quotidien.
Pour qui comme moi aime écrire, raconter des histoires dans l’ombre, mais qui tout au fond rêve de les voir éclore au grand jour, il est fabuleux de comprendre comment il est possible de narrer une part de vie somme toute assez banale. En deux mots : Un amour éperdu puis perdu et rencontré quelques années plus tard. Il est si facile de penser que rien ne nous arrive d’assez romanesque dans notre vie qui ne mérite un roman. Or il faut croire que si. Le tout réside dans ce magnifique talent d’écriture que bon nombre d’entre nous rêverions de posséder. L’art de manier le détail qui n’est jamais insignifiant, l’art de ne jamais poser un mot de trop dans un texte, celui de rendre ses écrits aériens et poétiques, savoir être pudique et presque brutal à la fois.
Très belle lecture à vous tous, chers Amis.
J’en profite pour vous préciser que Philippe Besson sera le président du jury du Prix Landerneau des lecteurs 2019. Plus d’infos sur le blog de Michel-Edouard Leclerc :
Je vous glisse le lien de ma chronique sur Arrête avec tes mensonges ainsi que celle de Un certain Paul Darrigrand.
https://laparenthesedeceline.com/2019/05/21/arrete-avec-tes-mensonges/
https://laparenthesedeceline.com/2019/06/12/un-certain-paul-darrigrand-un-roman-eclatant/
Livre papier Dîner à Montréal :
Ebook Dîner à Montréal :
https://e-librairie.e-leclerc.com/ebook/9782260053224/diner-a-montreal-philippe-besson
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