D’un pas alerte et allongé, elle marche de l’ouest vers l’est le long d’un haut mur de pierre. Taille moyenne. Sans âge. Silhouette fine sous une tenue de sport. Mollets dégagés. Le soleil se fond dans le paysage, mais ses rayons ne suffisent pas à réchauffer l’air. Une lumière jaune s’étale et l’enveloppe. Le rugissement des vagues s’écrasant sur les rochers passe par-dessus le mur. Comme une bête qui gronde. Elle avance toujours, le regard fixé droit devant elle. Elle ne voit rien venir de l’arrière. La scène se déroule très vite. Quelques secondes suffisent. Elle va se laisser surprendre. Le temps d’un léger basculement entre la position de son corps en mouvement et celle du soleil se cognant sur le mur. Elle n’est plus seule. Elles deviennent deux. Identiques juste un instant. La seconde, plate et noire, s’étire aussi vite et aussi loin que l’autre marche. C’est déjà fini. Elle s’est fait dépasser par son ombre. Doublée par son ombre.
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