Ceci n’est pas un fait divers : la vie après la sidération

Bonsoir les Amis,

Ceci n’est pas un fait divers.

Il est des jours où seule l’envie de légèreté, de douceur, de rêve ou d’évasion m’habite. 

Il est des jours où la lecture doit être une parenthèse, un souffle d’air frais et ouaté et en même temps. Un cocon dans lequel se réfugier. Voilà pourquoi j’avais mis de côté le dernier livre de Philippe Besson que j’adore pourtant lire.

Alors un livre sur un féminicide, autant dire que même si le sujet m’intéresse, m’interpelle, éveille ma curiosité de femme… J’avais l’humeur plus badine. Et pourtant. Un soir, j’ai saisi ce livre et caressé du bout des doigts les fleurs sur la couverture. Le grain était agréable au toucher. J’ai ouvert la première page. Et là, la claque. J’ai été happée.

Un appel téléphonique donné par une jeune fille qui vient de vivre un absolu choc traumatique. Aucun mot ne sort pendant quelques instants, quelques minutes sans doute. Puis arrivent du bout des lèvres, ceux qui vont bouleverser des vies. Notamment la sienne et celle de son frère aîné. 

Cette première scène a réveillé en moi des souvenirs vécus. Fort heureusement, pas dans les mêmes circonstances. Mais j’ai reconnu la force nécessaire pour composer un numéro. Puis le silence derrière. L’impossibilité de parler. Le blocage. L’aphasie passagère mais hurlante de douleur. Alors, je suis entrée dans sa peau. Celle de Léa, treize ans. J’étais elle un moment. Jusqu’à ce qu’elle parvienne à aligner ces mots terribles, tragiques. Irréversibles.

“Papa vient de tuer maman.”

Je n’ai pas pû lâcher ce livre.

Dans ce roman inspiré de faits réels, Philippe Besson use d’une grande pudeur, d’une grande justesse, d’un langage sobre et fluide, sans grandes envolées pour évoquer un sujet tragique, inimaginable et pourtant bien réel. Le féminicide. Il a choisi le prisme des enfants de la victime. Ces victimes dites “collatérales” dont on parle peu. Dont l’existence ne suscite guère d’intérêt. Ici deux jeunes, frère et sœur, dix-neuf ans et treize ans au moment des faits. On y décèle toutes les difficultés factuelles rencontrées. Puis celles psychologiques. Les séquelles d’un tel traumatisme. Comment vivre après que celui qui est supposé apporter la sécurité a ôté la vie à la personne qu’on aime viscéralement plus que tout au monde ? Autant de questions que soulève avec beaucoup de délicatesse Philippe Besson. Sans jamais brandir de certitudes gratuites, d’accusations toutes faites, il présente des faits trop souvent commis, et témoigne d’une prise de conscience nécessaire. Jamais il ne juge, ce roman n’est pas particulièrement à charge ou à décharge. Là n’est pas le sujet. Ce dernier réside dans le combat auquel se trouvent confrontés les “restants.”

Je vous souhaite une lecture captivante chers Amis.

Grand format

 Ebook 

J’en profite pour glisser les liens d’autres livres de Philippe Besson que j’ai aimés :

Paris-Briançon

Dîner à Montréal

Arrête avec tes mensonges

Un certain Paul Darrigand

L’arrère-saison

3 commentaires sur “Ceci n’est pas un fait divers : la vie après la sidération

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  1. Bonsoir,
    J’ai lu ce livre le jour de sa sortie.
    Je te renvoie à ce lien sur mon blog https://brindille33.com/2016/11/25/maman-et-les-violences-subies/
    Il y est décrit ce que j’ai vu et ce que maman a subi.
    Je me dois de donner mon avis sur ce livre. Je n’avais jamais rien lu de Philippe Besson et n’ai aucun point comparatif que cet écrit avec cet événement insupportable pour l’enfant qui a tout vu.
    Bonne soirée. Geneviève

    J’aime

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