Aujourd’hui, je suis allée au paradis.
A défaut d’être LE paradis universel, celui dont on nous parle depuis la nuit des temps, affublé des images qu’on lui associe tous, c’était MON paradis. Le mien. De ce jour uniquement. Demain sera autre.
Mon paradis a commencé par prendre la forme d’une route sinueuse de Corse. Dans la montagne, à travers une forêt. Une petite voie cabossée par les années, par les écarts de température excessifs d’une saison à l’autre, et surtout par le manque d’égards et de soins prodigués. Les bosses et ornières qui la parsemaient, obligeaient la moto sur laquelle j’étais passagère à faire de nombreux zigzags.
Tous mes sens étaient en éveil. A chaque courbe que prenait la moto, mes pupilles se dilataient un peu plus devant la beauté du panorama. Derrière chaque virage, apparaissait un nouveau décor qui faisait écarquiller toujours plus mes yeux. La montagne jouait la fière devant moi. Elle se dressait haute et droite, me toisait, immobile et stoïque. Elle se voulait grande et reine. Seuls les arbres qui la paraient étaient fantaisistes. Leurs espèces étaient variées. Leurs couleurs fluctuaient selon que le soleil était niché ou non dans leurs bras feuillus. Selon comme la brise les chahutait. Leurs reflets passaient du vert au gris, sans prévenir.
Tandis que mon visage et mes bras se laissaient effleurer par le vent chaud et ouaté, mon nez se chargeait de l’odeur de bois douce et réconfortante qui flottait dans l’air. Je respirais à pleins poumons pour emmagasiner un maximum de cet effluve. Pour l’ancrer en moi.
Au détour d’un énième virage qui permettait à la moto de me bercer, il est apparu. Le refuge de montagne. Celui dans lequel nous allions pouvoir nous restaurer. Au milieu des arbres. Mon paradis a alors revêtu une nouvelle apparence. Quelques tables et bancs de bois disséminés ici et là près d’une petite cabane. Des émanations de feu de bois et de viande grillée ont pris possession de mes narines. Je les ai laissées s’infiltrer avec délectation. Mes oreilles quant à elles, étaient attentives tant au crépitement des flammes qu’au bruit de l’eau qui se déversait sans discontinuer dans la fontaine de pierre.
Pas de carte. Pas de menu. Un choix très restreint. Il n’en faut pas plus au paradis. Fromage et charcuterie corse, salade ou entrecôte grillée. Avec mon bien-aimé nous avons opté pour la dernière proposition. Il faut dire que notre odorat était particulièrement stimulé en ce sens. Autour de nous pas plus de vingt personnes. Motards, cyclistes, marcheurs. Chacun était respectueux du calme époustouflant du lieu tout comme de la beauté du paysage. Comme si un éclat de voix avait pu tout faire disparaître instantanément, dans un souffle, briser la magie du site. Sans parler de l’accueil des hôtes, empreint d’une générosité simple.
Au retour, un nouveau parfum a croisé notre chemin. Celui-ci je l’adore. Il me parle parfois, m’inspire souvent, me subjugue toujours. Il me manque même quand je reste longtemps sans le sentir. Le parfum du maquis. Si particulier. Une senteur légèrement poivrée et épicée. Chaude comme la lettre A de maquis, piquante comme son I. le paysage avait changé, nous n’étions plus dans les sous-bois. La vue était complètement dégagée. La terre semblait plus aride. Les pierres étaient parfois à vif, à découvert, mises à nu.
Je ne peux pas affirmer n’avoir jamais rien vu de plus beau. Non. C’est certain. Ce n’était pas paradisiaque. Cependant ces instants que j’ai vécus en cet endroit étaient envoûtants. Des moments dégoulinant de sérénité, de bien-être. J’étais apaisée. J’ai aimé. J’ai gravé en moi.
C’était mon paradis à moi. Mon paradis du jour.
Un paradis simple, sobre, humble.
Sublime cette pluie de mots pour décrire ce paradis, ce spectacle, ces senteurs et cette émotion, on imagine, on le voit, on le vit, un texte digne d’un écrivain. Bravo. Mams
J’aimeAimé par 1 personne
Merci beaucoup ! Disons que j’y prends plaisir et que j’aime bien partager.
J’aimeJ’aime
C’est comme si j’y étais, je sens, je perçois, j’aime et c’est beau. Un réel plaisir que de nous faire partager vos émotions et que la Corse est belle, si sauvage, préservée encore.
J’aimeAimé par 1 personne
Je partage en totalité cette évocation de la beauté et des senteurs , à mon sens uniques, du maquis corse ! Des qu’on s’élève un peu sur cette » montagne dans la mer » on est comme immergé dans une oasis de calme ,de sérénité qui , c’est vrai , donne le sentiment d’une sorte de bonheur intégral !!!
J’aimeAimé par 1 personne
Merci beaucoup ! En effet je pense que nous partageons les mêmes émotions sur cette île de beauté
J’aimeJ’aime