Un soir d’été de Philippe Besson : quand l’adolescence bascule

Bonjour les Amis,

Un soir d’été 1985 j’étais avec Philippe Besson sur l’île de Ré. Il ne m’y a pas vue. Pourtant j’étais bien là dans son ombre. Je me souviens, c’était en juillet… Je l’ai vu avec ses cinq amis, à la plage, sur le marché, en boîte de nuit. Ils avaient tous environ 18 ans, ou à peine. Je n’étais moi-même pas très loin de cet âge. Voilà pourquoi j’ai bien reconnu l’Opel Kadett, le groupe Modern Talking, la grosse télévision posée sur un napperon réalisé au crochet, le puzzle accroché au mur du salon et bien d’autres éléments caractéristiques de années 80. Voilà aussi pourquoi j’ai vécu les émois du narrateur, un certain Philippe.

J’étais avec eux, plongée dans leur langueur adolescente et estivale. Ephémère et naïve. Jusuq’au jour où. Je ne vous en dirai pas plus pour ne rien dévoiler de ce récit-roman qui m’a enveloppée et embarquée.

Philippe Besson n’a pas son pareil pour décrire la vie et son quotidien à égalité avec sa profondeur de l’instant. Il sait subtilement faire entrer le lecteur dans la peau et surtout l’âge de ses personnages avec authenticité. L’installer dans l’atmosphère et l’époque du moment relaté. J’ai lu et j’avais à nouveau dix-huit ans. J’ai ressenti et pensé comme à dix-huit ans. Les mêmes élans, la même innoncence et les mêmes doutes m’ont rattrappée. L’auteur n’exacerbe pas ces émotions, non, il les fait simplement ressurgir à l’identique.

Il offre ici plusieurs pistes de réfléxion quant au passage à l’âge adulte, qui peut parfois être brutal en fonction d’événements marquants vécus qui font grandir par la même occasion. A quel moment perd-on son innocence ? Est-ce au fil du temps ? Ou un un instant ? La perd-on totalement ? Sous-jacente également la nécessité ou pas de connaître un être depuis longtemps pour éprouver intensément à son égard des sentiments tels que le manque, l’inquiétude ou la peine. Autant de questions soulevées à travers ce texte. Sont évoqués également la violence familiale, le rejet, le harcèlement scolaire. Ces sujets ne sont pas l’objet de ce livre mais y figurent en toile de fond avec lucidité.

Sans parler réellement de suite du magnifique roman Arrête avec tes mensonges (adapté au cinéma par Olivier Peyon en 2023), on y retrouve ici le même narrateur Philippe Besson, quelques temps après la rupture avec son grand amour de jeunesse, Thomas, lui aussi cité à plusieurs reprises.

Une fois de plus Philippe Besson a allumé en moi un véritable plaisir de lecture.

Je vous glisse les chroniques des précédents livres de l’auteur que j’ai beaucoup aimés, ainsi que celle du film d’Olivier Peyon : 

Arrête avec tes mensonges : le livre

Arrête avec tes mensonges : le film

Ceci n’est pas un fait divers 

Paris-Briançon

Dîner à Montréal

Un certain Paul Darrigand

L’arrière-saison

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