Le Roi-nu-pieds de François d’Epenoux : un amour paternel flamboyant

Bonjour les Amis,  

Le voici enfin en librairie aujourd’hui. Le Roi-nu-pieds, de François d’Epenoux. Je l’ai déjà dévoré avec un appétit féroce il y a quelques jours. 

Au premier plan, un père bien ancré dans sa vie moderne et son fils révolté, zadiste. Leurs épouvantables discordances. Leur incompréhension mutuelle. Un dialogue devenu impossible. La violence de leur absence de mots. Un conflit générationnel. L’impétuosité de l’un. La provocation de l’autre. Un père qui se remet en cause pour apprivoiser son fils.

Au second plan, la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, le sujet de la transition écologique, les conflits et antagonismes qui divisent au sein de la société de consommation actuelle.

Et surtout entre les lignes, bien d’autres évocations plus humaines et plus profondes encore, d’une grande sensibilité…

Une écriture avec caméra à l’épaule, me dit l’auteur. J’entends. Moi je dirais cinématographique, certes, mais presque théâtrale également. En effet, il est difficile d’imaginer sur scène les grands espaces qui ceinturent la ZAD, mais là n’est pas le plus important. Même si les planches, il en est aussi question dans ce roman. Ces habitations faites de bric, de broc, d’objets de récupération, et de planches… constituent le décor dominant de ce livre touchant. Cette Zone à Défendre est ici un cadre, un environnement pour contextualiser un déchirement. Celui entre deux hommes, mais aussi celui de notre société. Ce parallèle est merveilleusement bien mené.

Et à bien y réfléchir, là aussi, sur cette zone, une lecture subliminale s’impose !

Je garde de cette histoire intimement bouleversante, son essence. A savoir l’amour puissant qui unit deux êtres au-delà du rejet, de la colère ou la douleur ; l’admiration d’un père pour son fils, en dépit de leurs différends, de leurs fêlures ; l’idée que faire des choix, même si ce sont souvent des renoncements, permet d’avancer dans la vie.

L’étrange cohabitation de ces sentiments forme un magnifique roman confidentiel et universel à la fois. Intemporel et contemporain en même temps. 

Une histoire – inspirée en partie du vécu de l’écrivain – qui remue et malmène. À différents égards. Elle interroge également sur nos modes de vie, elle ouvre un débat. Elle bouscule l’ordre naturel de la filiation. Ce phénomène de bascule, si intrigant. 

Ce livre est juste beau. Et ce mot prend ici toute son ampleur. Beau avec l’idée de grâce. Beau dans son intention et son intensité. Un réel ravissement pour le cœur. Le mien fut tour à tour retourné, serré, léger. Mais battant toujours fort.

François d’Epenoux use d’un style propre à lui, sa signature. Celle que j’aime retrouver dans chacun de ses livres. De la subtilité dans les émotions, un humour fin et léger au service de personnages poignants capables de dépasser leurs limites. Jamais un mot de trop. Un vocabulaire riche et précis pour un roman très vivant et sensoriel. L’auteur m’a prise par la main pour m’ouvrir le chemin à la rencontre de ses personnages. Il m’a ensuite laissée me glisser dans leur ombre et plus précisément dans la peau de ce père. Alors la magie a opéré, comme lui, j’ai alternativement vibré, vacillé, espéré. J’y étais…

Ce treizième opus généreux, humble et plein d’humanité est à l’exacte image de François d’Epenoux.

Voilà donc pourquoi j’aime !

En résumé, ce texte est un véritable éloge de l’amour paternel et du respect.

Bonus : je ne parlais pas de théâtre innocemment… Je trouve dans cette belle histoire, des ombres, des similitudes, des croisements, des interactions sur les chaotiques relations parent-enfant, avec la superbe pièce de Florian Zeller Le fils.

Jouée par deux personnages principaux, Rod Paradot, le fils et Stéphane Freiss, le père. Pièce jugée par la critique, comme une grande œuvre contemporaine.

Je te souhaite donc mon cher François, le même formidable succès, qui sait ?

Très belle découverte chers Amis !

J’en profite pour vous glisser les liens des chroniques d’autres titres de François d’Epenoux :

Le réveil du cœur 

Le Presque

Les désossés 

L’importune

Deux jours à tuer

Même pas mort

Gaby

Crédit @photo Editions Anne Carrière

9 commentaires sur “Le Roi-nu-pieds de François d’Epenoux : un amour paternel flamboyant

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  1. Sublime ce commentaire !!! comment résister, ce récit poignant, quoi de plus beau que ce lien d’amour entre un père ou une mère et son enfant. Vite il me faut ce livre, je suis impatiente de le découvrir. Bravo

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  2. Merci Céline pour ce texte magnifique ! Sur le fond et la forme ! Ah, si toutes les critiques étaient aussi justes et aussi bien écrites ! J’en suis évidemment très très touché… Merci merci merci !

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